La Huella

L’installation vidéo «La Huella» est la compilation d’une série de performances que j’ai réalisées et documentées pendant cinq ans dans différents territoires liés à la mémoire de mon exil. Chaque performance a suivi la méthodologie de réalisation que j’ai tirée de mes rêves pour définir ma pratique artistique.
La documentation des performances contient non seulement l’expérience de la réactivation de l’archive artistique que j’ai héritée de mon père dans les lieux de mémoire de notre exil, mais aussi la résonance de cette archive dans les personnes qui m’ont accompagné dans ce processus de dé-traumatisation.
Des personnes qui faisaient souvent partie des associations de victimes de la dictature militaire de Pinochet, des amis de mon enfance en exil ou des collaborateurs solidaires qui ont vu dans mon travail une possibilité de réparer les dommages causés par la dictature. Pour la commémoration du 50e anniversaire du coup d’État militaire au Chili qui a touché tant de consciences dans le monde, je veux clore ce cycle de travail en réalisant une installation qui rassemble ce travail expérimental et rituel pour rendre visibles les fissures et les dommages qui sont encore présents dans le présent et les possibilités de solidarité qui nous permettent de ne pas l’oublier.


Marisa Cornejo, 2023
Commissaire d’exposition: Cristóbal F. Barria Bignotti
Assistante: Anna Tretiakova
Soutien technique: Fred Duchêne, Stefania Saladino, Cristina Da Silva.
Accrochage et objets: Stéphane Fretz, Olaf Berkhuijsen, Thomas Kasterine et Zacharie Fretz
Remerciements: Stéphanie Prizreni, Edgar Soarès, Maël Denegri

La Huella, installation pour l’exposition No Memorials, Genève, 2023

Vue d’ensemble

LES VIDEOS


La Huella #01. Caja negra
Galeria Espacio Flor, Santiago — 01.2013
Duration: 6:08
Images / sound: Espacio Flor
Host: Enrique Flores
Editing and mixing: Roberto Duarte

La Huella #02. Plovdiv
Plodviv Station, Bulgaria — 08.2013
Duration: 18:03
Images / sound: Valeria Deisler
Hosts: Vania Mincheva, Ana Salazar
Editing and mixing: Roberto Duarte

La Huella #03. Escotilla 8
Escotilla 8, Estadio Nacional, Santiago — 11.2013
Duration: 16:59
Images / sound: José Miguel Guzmán
Host: Wally Kunstmann / Asociación de familiares de víctimas del Estadio Nacional
Editing and mixing: Roberto Duarte

La Huella #04. Estadio Nacional
Estadio Nacional, Santiago de Chile — 11.2013
Duration: 3:40
Images / sound: José Miguel Guzmán
Host: Wally Kunstmann / Asociación de familiares de víctimas del Estadio Nacional
Editing and mixing: Roberto Duarte

La Huella #05. El Caracol
El Caracol, Estadio Nacional, Santiago — 26.12.2015
Duration: 14:24
Images / sound: José Miguel Guzmán
Host: Wally Kunstmann / Asociación de familiares de víctimas del Estadio Nacional
Editing and mixing: Roberto Duarte

La Huella #06. Notas para la Huella
Usine Kugler, Genève — 13.11.2017
Duration: 37:12
Images / sound: Bani Silva
Host: Association Cheminée Nord
Editing and mixing: Roberto Duarte

Estrella verde
Santiago de Chile / Madre Selva — 12.2019–12.2022
Duration: 17:03
Images / sound: Marisa Cornejo
Collaboration: Nora Gatica Krug / Stéphane Fretz
Voices: Mónica Pizarro, Inés Erazo, Nadia Poblete, Maria Rosa Verdejo, Semiramis Lobos, Lissien Corvalán and Lena Kirberg.
Editing and mixing: Roberto Duarte


LES PERFORMANCES


Artist: Marisa Cornejo
Places: Santiago, Chile / Geneva, Switzerland / Plovdiv , Bulgaria
Dates: 2013 – 2015

Between 2013 and 2015, Cornejo did 6 performances going back to some places related to the wounds of her exile. Two of them are places of memory, Escotilla 8 and El Caracol from the Estadio Nacional, the football stadium that after the coup d’etat in Chile was used as the largest concentration camp. There, thousands of people were imprisoned and tortured, among them the father of the artist, an art teacher, Eugenio Cornejo. Also in the train station of Plovdiv, Bulgaria, where she lived with her family in exile between 1977 and 1978, and Geneva. She realized the performance “La Huella” by reprinting with her body the engraving plates done by her father in bulgaria. With this performances she activated the memory of the exiled people that will never return, as her father who died in Mexico in 2002 unable to find a place in an extremely neoliberalized chilean society. She used this performance as a tool to reweave the history of the chilean diaspora, and an attempt to repair the transgenerational trauma of imprisonment, torture and exile still present in our communities.

« C’est un rêve qui a soufflé à Marisa Cornejo la suite de son parcours artistique. «Quelques jeunes artistes m’aident à imprimer avec mon corps les plaques de gravure que mon père a
faites durant son exil», dit l’avant-dernier songe publié dans I am (art&fiction, 2013). Quand elle était enfant, en Bulgarie, il lui avait fait poser ses pieds sur l’encre d’une plaque gravée, avant d’imprimer leurs empreintes sur une feuille qu’elle a conservée.
Elle se lance alors dans une réflexion sur ce geste porteur de mémoire et de transmission. Un work in progress La Huella qui prend la forme de performances publiques exécutées dans les lieux du passé, en Bulgarie et au Chili, revisités du coup en actrice et non en victime passive. La démarche est libératrice.
Son travail sur la brutalité de la dictature passe par le corps, qui devient «une métaphore, une archive à activer par le biais des rêves». Le cadre (de ce projet de performances) ouvre également un dialogue avec des auteurs et des textes, des activistes et des historiens, grâce auxquels elle a le courage d’aller dans la chambre où son père a été torturé, au Stade national de Santiago de Chili. «J’ai pu confronter ce grand monstre dans ma tête, ce lieu interdit.» Elle y donne une performance lors de laquelle elle finit nue, en écho au récit sur la torture qu’elle vient d’entendre de la bouche d’un rescapé. «Je ne veux pas qu’on oublie, ce n’est pas fini», dit Marisa Cornejo. L’art peut aider à ce travail de guérison collective. Et si «tous les Chiliens n’y sont pas prêts», elle ne porte plus seule le poids de l’histoire. Les rêves se partagent. »
(Anne Pitteloud, La vie rêvée, Le Courrier, 18 janvier 2014.)

La Huella 1, performance, Espacio Flor, Santiago, Chile, 2013
La Huella 2, performance, train station, Plovdiv, Bulgaria, 2013
La Huella 3, performance, Escotilla 8, Estadio Nacional, Santiago de Chile, 2013
La Huella 5, performance, El Caracol, Estadio Nacional, Santiago, Chile, 2013

L’ÉDITION


Poster « La Huella », ink print on paper, 70 x 90 cm, 2014
Photography: Baptiste Coulon and Rebecca Bowring